
LA CATASTROPHE DE TCHERNOBYL

Un grand nombre de bébés nés après l’accident sont handicapés mentaux ou moteur et sont laissés à l’abandon par le gouvernement dans des asiles à Minsk ou à Moscou. En effet, seule une légère carence en iode durant la grossesse peut avoir un impact énorme sur le développement cérébral du fœtus. Des associations comme l’UNICEF ont choisi d’agir pour ces victimes de la catastrophe, très mal encadrées, dans des pays où la pauvreté est parfois extrême. Les enfants touchés par la radioactivité possèdent des défenses immunitaires très affaiblies et sont sensibles à la moindre infection. Beaucoup d’entre eux reconnaissent qu’ils sont différents des autres enfants qui grandissent dans des pays développés, mais ils préfèrent oublier leurs handicaps qu’ils évoquent, pour la plupart, sans émoi. Chaque année, le nombre d’enfants malades s’agrandit ; des enfants victimes d’une catastrophe qu’ils n’ont même pas connue. Les traumatismes sont encore biens présents, et si des enfants sont contraints à survivre plutôt qu’à vivre à cause de leur maladie, des adultes, eux, ont tout perdu. Au-delà du fait d’être victime de la même tragédie, ces adultes et ces enfants partagent le fait d’avoir perdu leur joie de vivre, et en quelque sorte, leur âme dans ce désastre. Ainsi, cette catastrophe physique, sanitaire et chimique constitue également un phénomène social très important, facteur de la chute de l’union soviétique. Aujourd’hui, seule l’aide internationale, les soins médicaux et les icônes de la Sainte Vierge, présents sur place, permettent de soulager et redonner espoir aux victimes.

Durant leur intervention, les liquidateurs ont été exposés à des doses proches de 800 mSv, prenant parfois des déchets de 15 Sv dans leurs mains. En rentrant, ils ont mal aux yeux, un goût de plomb dans la bouche et sont victimes de saignements de nez, pour certains, il est même déjà trop tard. La situation est donc préoccupante et le gouvernement russe prend la décision de ne plus construire de centrales nucléaires. Pour sauver l’Europe et leur pays, ces hommes mal informés, ont travaillé au péril de leur vie, ils ont été brûlés de l’extérieur et rongés dans leur chair par l’énergie des particules ionisantes. Nombreux sont morts ou ont eu des séquelles qu’ils garderont à vie. Leur intervention n’a pourtant pas résolu tous les problèmes car même aujourd’hui, les zones contaminées ne sont pas totalement nettoyées et les autorités comptent maintenant sur le temps. Tout d’abord sur la durée, de la demi-vie des radionucléides, souvent inférieur à 30 ans, mais également sur le rôle drainant des précipitations qui fixent les poussières radioactives dans le sol et qui les enfonce d’à peu près un centimètre supplémentaire par an. Actuellement, ces poussières sont situées 30 cm sous le sol et contaminent directement les végétaux et les animaux qui s’en nourrissent et donc indirectement les habitants.
Vu l’ampleur de cette catastrophe, le gouvernement ukrainien décide à l’époque de taire les conséquences sanitaires et les maladies causées par cet accident planétaire. Aujourd’hui, on estime que cette tragédie a causé entre 150 000 et 400 000 décès, la contamination de 9 millions d’habitants des régions alentours (en Ukraine, Russie et Biélorussie), l’invalidité de 200 000 personnes, et la mort de 50 000 personnes de cancers dans les années futures. Cependant, les gouvernements russes et ukrainiens essayent d’oublier en considérant que cet accident fait dorénavant parti du passé. Pourtant, le bilan est lourd, et la quasi-totalité des liquidateurs survivants sont atteints de la maladie des rayons, dû à l’exposition des tissus biologiques à une forte dose de rayons ionisants. Leurs organismes sont totalement contaminés par la radioactivité, leurs systèmes nerveux et leurs métabolismes, en passant par leur moelle osseuse. A cause des rayons ionisants, les liquidateurs possèdent des lésions génétiques, ils présentent des translocations sur les nucléotides d’ADN de certains chromosomes, ce qui implique des dommages structurels des brins d’ADN, des malformations et des dommages congénitaux héréditaires. Les aliments dont se nourrissent, encore aujourd’hui de nombreux habitants d’ex-URSS, présentent des concentrations de césium-137 très élevées, car dans des pays où le salaire moyen avoisine les 100€ par mois, le choix entre mourir de faim et manger des aliments contaminés est vite fait.
Juste après la catastrophe et durant quasiment une décennie, l’Europe entière et une partie de l’Asie, sont touchées, à des échelles différentes par des maladies et des dérèglements hormonaux. Les familles vivant dans un périmètre de 300 km autour de la centrale, sont concernées par un taux anormal de mutations génétiques dans l’ADN, du sperme et des ovules. Ces mutations héréditaires risquent d’être à nouveaux transmises à la prochaine descendance. Les générations qui ont succédé aux liquidateurs et aux humains exposés aux radiations de Tchernobyl, présentent maintenant un taux de mutation sept fois plus élevé que la normale ; on note chez eux une augmentation alarmante du nombre de leucémies et de cancers de la thyroïde due à une contamination à l’iode-131. En effet, suite à l’explosion du réacteur, 12 milliards de Becquerel s’échappent en une dizaine de jours, et parmi les radionucléides rejetées, on note la présence d'une activité énorme de Xenon-133, de Tellure-132 et de Neptunium-239. Cependant, c’est l’iode-131, le césium-134 et le césium-137, qui ont le plus gros impact sur les populations, car ces éléments volatiles se propagent extrêmement vite et constituent un nuage radioactif. Le césium-137 continue aujourd’hui encore de contaminer ; cet isotope dispose d’une période de radioactivité (demi-vie) supérieur à 30 ans.
Voici un tableau des éléments radioactifs mesurés dans l’air début mai 1986, classés par ordre décroissant de concentration :